Droit Social

Vidéosurveillance en magasin : outil de sécurité ou atteinte aux droits des salariés?

4 min
Vidéosurveillance en magasin – règles légales et droits des salariés

Vidéosurveillance en magasin : outil de sécurité ou atteinte aux droits des salariés?

Quand la caméra filme trop : le dilemme des employeurs

Dans un univers où les encaissements, les cabines d’essayage et les réserves sont des zones sensibles, la vidéosurveillance s’est imposée comme un levier de sécurité incontournable. Prévention du vol, protection des équipes, contrôle des flux en caisse… les raisons de s’équiper sont nombreuses. Mais attention : lorsqu’elle filme également les salariés, la vidéosurveillance devient un sujet hautement sensible en droit du travail.

Voici l’essentiel à connaître, chers acteurs du Retail, pour sécuriser vos pratiques et éviter les faux pas !

📌 Ce qui est autorisé… sous conditions

L’employeur peut installer un dispositif de vidéosurveillance dans un but légitime, par exemple pour :

✔️prévenir des vols en boutique (notamment en zone de fitting ou dans les rayons à forte démarque),

✔️sécuriser les accès au magasin et au back office,

✔️contrôler les encaissements (flux en caisse, ouverture/fermeture des caisses),

✔️protéger les équipes et les clients notamment en horaires d’affluence.

Mais ce dispositif ne doit jamais avoir pour finalité principale de surveiller l’activité des salariés de manière constante ou dissimulée. Il est encadré par la CNIL, le code du travail et la jurisprudence.

⚖️ Les règles à respecter

1. Informer les salariés

Avant toute mise en place d’un système de vidéosurveillance, une information individuelle et collective est obligatoire.

Elle doit préciser :

📎les finalités du système,

📎la durée de conservation des images,

📎les modalités d’accès aux enregistrements.

2. Consulter le CSE

Si l’entreprise emploie 50 salariés ou plus, le Comité Social et Économique (CSE) doit être consulté préalablement à l’installation du dispositif.

3. Réaliser une analyse d’impact

En cas de surveillance systématique ou portant sur des zones sensibles, une AIPD (Analyse d’Impact relative à la Protection des Données) est souvent requise au regard du RGPD. C’est notamment le cas si les caméras filment en continu les zones de caisse ou les salariés à leur poste.

4. Respecter le principe de proportionnalité

Les caméras ne doivent en aucun cas filmer :

· les vestiaires,

· les toilettes,

· les zones de pause ou de repos,

· ni porter atteinte à la vie privée des salariés.

5. Limiter la durée de conservation

Les images ne doivent pas être conservées plus d’un mois, sauf en cas de procédure disciplinaire ou judiciaire en cours.

🚨 Ce que disent les juges

👉 Filmer un salarié à son poste de travail sans motif légitime peut entraîner l’irrecevabilité des images en cas de litige, voire des dommages-intérêts pour >atteinte à la vie privée.

👉 La CNIL sanctionne régulièrement les enseignes qui ne respectent pas les obligations d’information ou qui filment des salariés à leur insu. 👉 La CNIL sanctionne régulièrement les enseignes qui ne respectent pas les obligations d’information ou qui filment des salariés à leur insu.

Bonnes pratiques dans le secteur Retail/Mode

🛡️Orientez les caméras vers les zones sensibles (caisse, sortie, réserve) et non directement sur les salariés.

🛡️Mettez à jour votre registre des traitements dans le cadre du RGPD.

🛡️Affichez une signalisation claire à l’entrée du magasin signalant la présence de caméras.

🛡️En cas de procédure disciplinaire, croisez les images avec d’autres éléments de preuve : ne vous reposez jamais exclusivement sur la vidéosurveillance.

✏️ En résumé

La vidéosurveillance n’est pas interdite, mais son usage doit être mesuré, justifié et transparent. Dans un secteur où l’image et la confiance sont clés – en particulier dans la mode - mieux vaut prévenir… qu’être sanctionné.

💡 Besoin d’un audit express de vos dispositifs ou d’un accompagnement sur une procédure ? Nous vous accompagnons pour sécuriser vos pratiques avant qu’un contrôle CNIL ou une contestation prud’homale ne vienne tout remettre en cause.

👩‍⚖️ Cette newsletter est animée par Eva Kopelman, associée en charge du département Droit du Travail chez Axipiter.

Elle accompagne dirigeants, DRH et équipes juridiques sur leurs enjeux sociaux stratégiques – structuration, gestion des indépendants, négociation collective, contentieux sensibles…

📬 Pour recevoir chaque mois des analyses utiles et concrètes, abonnez-vous à

👉 RH : Mode d’Emploi 🔗 https://substack.com/@rhmodedemploi/subscribe

📞 Et si vous souhaitez échanger sur vos enjeux RH → contactez-nous chez Axipiter.

Eva Kopelman

Associé

Envie de découvrir plus d'articles ?

Explorez nos autres analyses et insights juridiques

Voir toutes les actualités